mardi 8 mai 2007

Texte fondateur

Objet : Le Cercle Jean-Jaurès de Lons-le-Saunier œuvre à la refondation de l’idéal socialiste par la confrontation et la prise en compte des idées républicaines, laïques, démocratiques et humanistes et de celles qui émanent du nouvel internationalisme lié au mouvement altermondialiste ; ce cercle s’interdit toute implication électorale mais contribue par son action et sa réflexion collective à la rénovation et à la réalisation de cet idéal.

Texte fondateur : « Le socialisme est international par son but et par ses revendications ; il les poursuit dans les différents pays par des moyens théoriques et pratiques différents, suivant les aptitudes diverses des hommes qui mettent à son service leur intelligence et leur énergie et les nécessités locales auxquelles il est astreint de se plier. » Telle était la conviction de Lucien Herr, bibliothécaire à L’Ecole Normale Supérieure et qui a « converti » Jean Jaurès au socialisme.

Fonder aujourd’hui un cercle sous les auspices de Jean Jaurès est une double nécessité : d’abord parce qu’il est peut-être temps de faire cesser l’usage indu que font certains de sa pensée et de son action, mais surtout parce que le manque d’espaces de réflexion dans le camp du progrès social est criant. Ceci expliquant d’ailleurs cela. L’exercice de la citoyenneté exige un retour aux pratiques fondamentales du débat républicain : la discussion sur l’organisation et l’avenir de la Cité. Notre souci doit être d’encourager et d’accompagner l’élan participatif naissant.
Un cercle de réflexion est le meilleur espace pour revivifier notre idéal politique. Il nécessite de prendre son temps pour comprendre le monde ce que les partis de gauche, trop souvent perdus dans la contingence de l’événement, ont arrêté de faire. Le Cercle Jean-Jaurès se situe à côté du jeu politique des partis, dans un espace étrangement délaissé par ces derniers, celui de la réflexion politique. Il a pour ambition d’être un point de ralliement pour les femmes et les hommes de gauche et de progrès, offrant à chacun un espace d’échange politique et de confrontation des points de vue ; un cercle qui puisse se transformer en boussole pour comprendre notre monde.

Jean Jaurès fixait, dans un de ses plus fameux discours, comme objectif à la jeunesse « d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ». Il nous faudra donc penser le lien entre ces deux éléments. Nous entendons pour cela contribuer, modestement mais sûrement, à relever le socialisme et à lui permettre d’affronter la réalité. La réalité, c’est l’ouverture des économies au niveau mondial, la crise environnementale planétaire, c’est l’impasse du projet d’une « Europe politique », c’est la progression continue des droits des individus. L’idéal, notre idéal, c’est le socialisme, la République sociale. Le réel, nous entendons l’analyser entre nous mais éclairés aussi par des intervenants extérieurs, nous entendons le construire car la réalité du monde est le fruit de l’action des hommes.
Notre travail est également un travail de relecture, seul moyen de créer les renaissances politiques et culturelles. A cet égard, l’œuvre de Jean Jaurès est notre viatique. Ce que les historiens ont appelé la synthèse jaurésienne a été l’adaptation à la réalité nationale française du marxisme puis la création d’une structure politique portant cette vision du monde nouveau. Au XIXème siècle, le marxisme est l’analyse et la critique des conséquences de la Révolution industrielle accoucheuse d’un nouveau visage du capitalisme modelé par l’Angleterre. Jaurès a eu l’intelligence de lier, dans sa réflexion et sa pratique politique, cette nouvelle question sociale à la question nationale : « Il n’y a de justice sociale que par la liberté républicaine. Défendre la patrie et la République est pour nous tous le premier article de la charte socialiste ». C’est cette dialectique entre la justice sociale et la nation pensée comme communauté de citoyens et seul véritable espace démocratique que nous devons retrouver.

Aujourd’hui, notre priorité est de comprendre la mondialisation néolibérale, pour mieux la combattre, comme un nouvel état du capitalisme (financiarisé, mondialisé et dominé par les Etats-Unis).
Pour cela, il faut redéfinir la construction européenne, trop longtemps vénérée comme mythe existentiel de substitution au socialisme ; elle ne peut plus être le cheval de Troie du néolibéralisme dans nos pays mais devenir un des outils de résistance à la mondialisation néolibérale. De plus, il faut conserver les bases de notre pacte social fondé après la dernière guerre mondiale car il est le socle de la République sociale si chère à Jean Jaurès et à tous ses héritiers. Enfin, les socialistes conséquents que nous sommes doivent réinventer une nouvelle Internationale résistant au néolibéralisme, l’Amérique latine compte déjà sur l’Europe pour rééquilibrer les rapports de force mondiaux ; l’internationalisme doit redevenir notre horizon.

La modestie n’excluant pas l’ambition, il est bon de recadrer notre action locale dans le vaste monde qui nous entoure. Les pistes d’études et les domaines d’action ne manquent pas. Comme nous y invite Régis Debray, il faut « quitter le douillet de l’espérance pour l’énergie du désespoir » ou comme le préconisait déjà Antonio Gramsci « allier l’optimisme de la volonté au pessimisme de l’intelligence ». « Gauche tragique » certes mais de combat…