vendredi 11 décembre 2009

Compte-rendu de la conférence de Jean-Philippe Huelin

Reconquérir les couches populaires, une nécessité pour la gauche

Un grand merci d’abord aux participants à cette conférence : vous êtes les fidèles et je suis particulièrement fier de vous présenter le fruit de mon travail. Merci également à Yves Ayats, trésorier du Cercle et à Gaël Brustier, mon ami, que vous connaissez puisqu’il a déjà été notre invité et qui est le coauteur de « Recherche le peuple désespérément ».

L’objectif de ce livre est simple et modeste : faire le bilan de santé des couches populaires en France après plus de vingt ans de néolibéralisme. Pour ce faire, il faut dans un premier temps se départir d’un mythe : celui de sa disparition dans une vaste classe moyenne. Ce mythe entretenu par droite et gauche depuis que VGE a théorisé l’accession à cette classe de « Deux Français sur trois », a définitivement vécu.

Ce peuple constitué d’employés et d’ouvriers compte toujours pour 60% de la population active. Politiquement, il a fait la décision pour le « non » au TCE en 2005 et l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007. C’est cet apparent paradoxe que nous avons voulu éclaircir en essayant de redonner à ces couches populaires une conscience de son existence et aux dirigeants politiques, surtout pour ceux de gauche puisqu’ils prétendent les défendre, une boussole sociologique. Aussi notre étude est à la fois sociologique et géographique.

1.Les ravages de la globalisation sur les couches populaires

En plus de l’augmentation du chômage, d’autres éléments démontrent le creusement des fractures sociales en France :
• La montée des inégalités en matière de revenus et de patrimoine.
• La stagnation des salaires depuis le milieu des années 1990. Quelques chiffres édifiants : le salaire net moyen d’un ouvrier est aujourd’hui de 1000 euros, il est de 900 euros pour un employé et de 650 euros pour un salarié à temps partiel.
• La baisse du rôle redistributeur de l’Etat est pour l’instant compensée par une redistribution de la richesse entre générations. Les ainés financent les plus jeunes mais cet équilibre précaire ne peut être que temporaire.
• Le drame des personnes touchant des petites retraites avec l’augmentation des suicides chez les personnes âgées.
• La pénibilité du travail, rendue médiatique par les suicides de cadres chez Renault ou France Télécom, est subie par tous. Le nouveau productivisme de l’après 35 heures est une calamité pour le monde du travail avec l’augmentation des troubles musculo-squelettiques.
• La précarisation des contrats de travail explose : +60% pour les CDD, +65% pour les stages et les emplois aidés, +130% pour les intérims.
Comment ne pas voir que les perdants de la mondialisation néolibérale sont de plus en plus nombreux et que le déclassement, cette incapacité à maintenir la position sociale des ascendants, est une réalité tragique de notre temps.

2.Une nouvelle géographie sociale et politique

a)Un monde vu des centres-villes

La hausse du prix de l’immobilier est une donnée fondamentale. Elle témoigne de la volonté de repli des élites sur elle-même dans des centres-villes douillets qui sont devenus de véritables ghettos de riches.

Or le monde d’aujourd’hui est analysé, est vu depuis ces endroits privilégiés. Ainsi, les élites réduisent par exemple le débat sur la pauvreté à celui sur les exclus et les SDF, celui sur la relégation sociale à celui sur les banlieues.

Ce processus de gentrification des centres est loin d’être une chimère. A Paris, les couches populaires qui représentaient 65% de la population en 1954 ne représentent plus que 35% des Parisiens de l’âge Delanoë.

b)La France périphérique oubliée

Cette France périphérique est constituée de l’espace périurbain et du monde rural. Il regroupe une très forte majorité de la France ouvrière. On comprend ainsi mieux pourquoi les élites urbaines ont une vision post-industrielle de la société française : ils ne voient tout simplement plus d’ouvriers !

Depuis le XIXe siècle, la gauche a un problème avec le monde pavillonnaire, or la volonté d’acquérir un pavillon est plébiscitée par les Français. Ne sachant penser un individualisme populaire, la gauche a laissé le terrain libre au candidat Sarkozy en 2007. Ce processus de périurbanisation s’est donc développé sans elle : cela concerne dans les années 60 très majoritairement les classes moyennes avant que les classes plus populaires se ruent vers cet espace périurbain dans un contexte d’augmentation du prix de l’immobilier dans les villes-centres. La précarisation économique de ces populations s’est accompagnée d’une certaine « droitisation » de l’électorat périurbain, comme si cette France des « petits moyens » voyait les barres et les tours des grands ensembles (dont elle est partie à grand peine ou qu’elle craint) se rapprocher de ces pavillons-refuges.

Le monde rural ne doit pas se résumer au monde agricole. Notons qu’il y a 35% de la population active de l’espace rural qui est ouvrière pour seulement 8% qui travaille dans l’agriculture. Cet espace est d’autant plus important aujourd’hui que nous sommes passés de l’exode rural à l’exode urbain. Loin de l’image d’Epinal de néo-ruraux friqués qui voudraient redécouvrir leurs « racines paysannes », les nouveaux arrivants le sont majoritairement malgré eux : cet espace devenant le seul à offrir des prix décents pour se loger.

Conclusion

Pour retrouver le peuple, la gauche doit apprendre à savoir qui il est, où et comment il vit. La mondialisation néolibérale a grandement fragilisée cette France périphérique, refuge des couches populaires. Il y a donc dans notre pays une base sociologique populaire, précarisée et déclassée qui attend des réponses de la gauche. Nous devons construire une coalition sociale majoritaire qui donne aux forces progressistes et populaires les moyens de revenir au pouvoir dans la durée, seule façon de véritablement transformer la donne.

Débat avec la salle :

• Il est clair que la « conscience de soi » populaire a été rognée depuis une trentaine d’années. La fin des citadelles ouvrières, le mythe de la classe moyenne, le consumérisme… tout cela a balayé cette « unité de classe » qui était le principal socle du vote communiste. Aujourd’hui, c’est autour de l’analyse des ravages de la globalisation sur des pans entiers de notre société qu’il faut rebâtir une conscience collective populaire.
• Le monde rural est un espace qui s’est fragilisé et a perdu en visibilité médiatique. Il n’est plus l’humus de la vigueur nationale. Il apparaît comme un espace résiduel, un espace ludique pour citadins en goguette. Alors que se population augmente, son développement n’est possible qu’à condition que les péréquations financières entre ville et campagne demeurent voire qu’elles soient plus favorables au monde rural. Ce ne semble pas être le sens pris par les réformes gouvernementales…
• Le bilan des 35h est clairement négatif pour les couches populaires : stagnation des salaires, dégradation des conditions de travail, augmentation des souffrances et des accidents au travail. Il y a un nouveau productivisme post-35h en France qui est plus qu’un effet pervers de la réforme Aubry.
• Je pense que la décroissance doit être populaire au sens où elle n’est pas du tout en contradiction avec une vie meilleure pour les couches populaires. Ce n’est pas une lubie de bobos qui ignoreraient le chômage pour reprendre une vision sarkozyste ! Au « toujours plus », il faut substituer le « toujours mieux » ! Cela peut effectivement passer par la gratuité pour les services publics de base (élargie…) et par un mode de vie qui redonnerait toute sa place à la vertu toute révolutionnaire de frugalité.
• Pour donner un tour plus concret à nos échanges, il y a, à mon sens, cinq points qui devraient se trouver dans un programme présidentiel qui voudrait retrouver le peuple :
- La frugalité de tous contre l’orgie néolibérale réservée à quelques uns.
- Le salaire maximum comme déclinaison radicale de cette volonté.
- Le bouclier rural pour protéger l’égalité républicaine entre les territoires.
- Le protectionnisme européen pour éviter la désindustrialisation totale de notre pays et de notre continent.
- Le retour à l’égalité comme vecteur de l’émancipation sociale.

dimanche 15 novembre 2009

Invitation : Jean-Philippe Huelin

A l’occasion de la sortie de son livre, Recherche le peuple désespérément (Bourin éditeur), coécrit avec Gaël Brustier, le Cercle Jean-Jaurès recevra Jean-Philippe Huelin.

Il viendra nous présenter les principaux enseignements de leur enquête à travers cette France populaire, périphérique et trop souvent délaissée par les politiques comme par les médias. Aussi notre thématique pour cette soirée sera la suivante : « Reconquérir les couches populaires, une nécessité pour la gauche »

Cette conférence aura lieu le : Mercredi 2 décembre 2009 à 20h au Centre social de Lons-le-Saunier

A la fin de celle-ci, Jean-Philippe Huelin dédicacera son livre qui sera en vente au prix de 17 €.

Dossier « Reconquérir les couches populaires, une nécessité pour la gauche »

Pour avoir un avant-goût de la conférence du 2 décembre prochain, voici une liste de liens qui éclairent le propos du livre de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin, "Recherche le peuple désespérément" (Bourin éditeur).

Recension du livre :
http://www.marianne2.fr/A-lire-sans-faute-Recherche-peuple-desesperement_a182413.html
http://www.lepost.fr/article/2009/10/31/1768226_encore-un-livre-sur-le-ps-qui-va-faire-peur-a-valls-et-hamon.html

http://www.ufal.info/media_flash/,article,719,,,,,_Recherche-le-peuple-desesperement.htm
http://www.nonfiction.fr/article-2865-a_la_recherche_du_peuple_perdu.htm

Tribune
http://www.humanite.fr/2009-10-29_Idees-Tribune-libre-Histoire_Construire-une-nouvelle-alliance-avec-les

Entretien
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/recherche-le-peuple-desesperement-entretien-avec-les-auteurs/1150

Sur le déclassement, une des thématiques du livre :
http://www.rue89.com/2009/11/13/la-peur-du-declassement-un-decor-qui-cache-la-rupture-sociale-125836
http://jphuelin.blogspot.com/2009/11/la-peur-du-declassementet-loubli-du.html

Compte-rendu de la conférence de Nicolas Renahy

Les transformations sociales et politiques récentes du monde rural

Le titre de cette conférence est une gageure. En effet, il conviendrait mieux de parler des mondes ruraux tant le « rural » est hétérogène. J’ai moi-même travaillé sur un monde rural, celui de « Foulange », dans le sud de la Côte d’or (voir Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale). Je serai donc très prudent face à toute généralisation.
Par ailleurs, il faut bien faire la différence entre rural et agricole, notions trop souvent confondues. Il ne reste plus que 8 à 10 % de la population rurale qui travaille dans l’agriculture. De plus, fidèle à ma formation auprès de Stéphane Beaud et Michel Pialoux, c’est en fait le monde ouvrier à la campagne qui m’intéresse particulièrement, ce petit monde ouvrier et rural dont on ne parle plus guère.

1. Contexte de l’étude

Je suis un sociologue de terrain, un ethnographe qui étudie la réalité au plus près pour mieux l’analyser. Mon enquête a ainsi duré de 1993 à 2004, dans cette ville que j’appelle Foulange dans le livre, un gros bourg qui a longtemps vécu essentiellement d’une mono-industrie fabriquant des cuisinières. Cette activité a fermé en deux temps (1972 puis 1981) avant que le site soit réinvesti par deux PME.
Je me suis intéressé surtout à la jeunesse de ce bourg, une jeunesse ouvrière et rurale qui semble ne pas exister puisqu’on ne parle que de la jeunesse des banlieues qui a au moins pour elle la force d’identification à une « culture jeune », ce que n’ont absolument pas les jeunes de Foulange. Mon idée générale est de montrer que la fermeture de l’usine a démonétisé le réseau d’interconnaissance dont ils bénéficiaient pour entrer dans l’usine et donc dans une certaine indépendance. Ils ont perdu leur « capital d’autochtonie ».


2. La génération des parents

Leurs parents n’ont pas bénéficié de la démocratisation scolaire, ils avaient une formation sur le tas grâce à des embauches à l’usine qui leur met le pied à l’étrier. Cette entrée précoce dans la vie active leur permet une indépendance financière avec une mise en ménage et l’arrivée du premier enfant entre 18 et 22 ans. Il est alors important d’avoir son pavillon, où les hommes bricolent le week-end.
Ils avaient en héritage un paternalisme industriel qui a permis de stabiliser la main d’œuvre et de permettre aux plus méritants une ascension sociale localisée. Le modèle, qui ne concerne qu’une minorité mais qui existe et donne de l’espérance aux autres, est le suivant :
La 1ère génération sert le patron
La 2ème génération s’en sert
La 3ème génération s’en sort
De plus, ces ouvriers ruraux profitent de l’encadrement associatif d’ « alliés de classe » (instituteurs, éducateurs…).

3. La jeunesse rurale

J’ai moi-même un capital d’autochtonie dans ce bourg avant l’enquête. Au cours de celle-ci, j’ai été saisonnier dans l’usine et licencié du club de foot. Mon propos peut donc paraître un peu daté puisque je parlerai d’une bande de jeunes des années 90.
Pour eux, l’usine est un repoussoir, la filiation ouvrière est rompue. Il y a en effet une forte opposition dans l’atelier de l’usine entre le groupe des jeunes et le groupe des vieux. Les jeunes refusent par exemple le port systématique du bleu alors que pour les vieux, c’est un signe de distinction ouvrière très important.
Ces jeunes refusent par ailleurs tout militantisme. Dans l’usine, la CGT est délégitimée depuis la fermeture de 1981. Il leur est impossible de concevoir toute lutte collective. C’est le signe le plus manifeste de leur fragilisation sociale.
Dans le cercle familial, beaucoup étaient tout jeunes quand ils ont vu pour la première fois leurs pères au chômage. Ils ont de plus connu une Ecole qui dévalorisait les filières techniques. Ils sont aussi dépendants beaucoup plus longtemps de leurs parents chez qui ils vivent encore souvent après 25 ans, la marché de l’immobilier local étant en pénurie.
Les copains sont donc le dernier moyen de gagner une certaine estime de soi. Ces copains que l’on fréquente au foot participent également de cette reconnaissance sociale. La descente dans une division inférieure est très mal vécue par les jeunes du village qui côtoyaient auparavant des équipes de plus grandes villes. Ils vivent cette descente comme une « désingularisation » : « On est comme les autres maintenant. » Ils ont vécu la fin de la symbiose entre le village et le marché du travail. C’est cela la perte d’autochtonie.

Les questions abordées dans le débat avec la salle ont été :

• Cette jeunesse de Foulange est une jeunesse ouvrière pas du tout agricole. L’étude de cette jeunesse-là reste à faire comme l’étude de la jeunesse aristocratique à l’autre bout de l’échelle sociale.
• Sur la violence, on peut dire qu’il y a encore vingt ans, la force villageoise pesait sur l’honorabilité. Alors que cette violence publique est aujourd’hui plus réprimée, il y a chez les jeunes un recours aux drogues qui augmente encore le conflit entre générations.
• Quel avenir politique pour cette jeunesse ?
Il ya un profond rejet du personnel politique mais demeure une certaine conscience de classe : « on en bave » disent-ils souvent. Le problème est qu’ils ne se sentent représentés par aucune force politique. Aux élections, ils se réfugient souvent dans l’abstention. Ils ont de plus un profond mépris pour le personnel politique local qui n’a plus aucune marge de manœuvre économique pour leur trouver du travail.
• Quelle politique rurale ?
Il y avait dans les années 70 des structures d’encadrement de la jeunesse qui sont aujourd’hui en sévère perte de vitesse. Ce n’est pas tant un problème rural/urbain que la fin d’une politique pour la jeunesse.
• On leur a refusé une certaine reproduction sociale (« faire comme les parents »). Il y a ainsi une grave rupture dans la transmission des savoir-faire.

mercredi 23 septembre 2009

Programme des conférences pour l'année 2009-2010

Voici notre programme pour la première partie de l'année, d'autres intervenants seront nos invités au printemps 2010.

• Notre réunion de rentrée a eu lieu le 22 septembre à 20h au centre social avec Nicolas Renahy, un sociologue spécialiste du monde rural. Le titre de la conférence était : Les transformations sociales et politiques du monde rural.

• La sortie du livre : « Recherche le peuple désespérément » coécrit par le président du Cercle, Jean-Philippe Huelin, sera l’occasion d’une réunion en novembre 2009.

Bernard Teper, président national de l’UFAL interviendra sur les questions de santé publique le mercredi 27 janvier 2010.

Sébastien Humbert, membre du Cercle, fera une conférence sur le thème: "L'insertion des personnes handicapées physiques : un défi pour la Société". Elle aura lieu le mardi 23 février 2010.

jeudi 2 juillet 2009

Invitation : Nicolas Renahy

Fidèle à notre volonté d’explorer des thématiques politiques délaissées par les masses médias et pourtant essentiel à la compréhension de notre monde, le Cercle Jean-Jaurès aura le grand plaisir d’inaugurer notre nouvelle saison en recevant Nicolas Renahy, sociologue à l’INRA de Dijon et spécialiste des transformations des classes populaires dans le monde rural.

Il viendra nous présenter ses recherches et son livre, Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale qui nous permettront de mieux cerner un espace devenu une terre de relégation pour des populations fragilisées par la mondialisation néolibérale. Aussi notre thématique pour cette soirée sera la suivante : « Les transformations sociales et politiques récentes du monde rural »

Cette conférence aura lieu le : Mardi 22 septembre 2009 à 20h au Centre social de Lons-le-Saunier

Dossier "Les transformations politiques et sociales récentes du monde rural"

Pour préparer la venue de Nicolas Renahy, voici un court dossier mettant en liens des textes permettant d'aller plus loin.

Nicolas Renahy est un jeune chercheur en sociologie à l’INRA de Dijon et au Centre Maurice Halbwachs (ENS/CNRS/EHESS). Il s’intéresse à des domaines délaissés par la sociologie actuelle. Ces publications montrent tout l’intérêt de croiser les recherches entre les milieux populaires et le monde rural. Au cœur de ses recherches, il y a les transformations du monde rural et ouvrier dans un bourg de Côte d-Or. Sa thèse a donné lieu à la publication d’un ouvrage, Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale, qui permet à un grand public éclairé de se pencher utilement sur une jeunesse qui ne fait pas les grands titres des journaux tout en subissant elle aussi la dureté économique de notre temps.

Pas de discours pontifiant venu de Paris ici mais une étude de terrain longue et précise au cours de laquelle l’enquêteur s’immisce progressivement dans son milieu d’étude. L’anecdote inaugurale de son livre ne l’est pas tant que cela, la mort au volant des jeunes ruraux est moins accidentelle que sociale car l’espace rural est devenu une terre de relégation où augmentent de nombreuses formes de violence sociale. Même si on en parle moins, la fermeture d’une usine y a des conséquences plus graves que dans une agglomération.

Pendant son étude de terrain, Nicolas Renahy s’est également remis à la pratique du football pour monter ce que la pratique sportive révèle sur ce que Norbert Elias appelait le capital d’autochtonie que l’on peut également étudier sous l’angle des migrations et de la sédentarité.

Dans un contexte de profondes transformations du monde ouvrier, il réussi très bien à montrer les difficultés à transmettre les valeurs ouvrières dans un espace rural confronté à la précarisation générale de l’emploi.

lundi 22 juin 2009

Assemblée générale

Pour cette deuxième année d'existence, le Cercle Jean-Jaurès fait son bilan annuel et prépare la rentrée...

Chèr(e) ami(e),

Vous êtes chaleureusement invité à l'Assemblée Générale du Cercle Jean-Jaurès qui se tiendra le Lundi 29 juin à 20h au Centre social rue de Pavigny à Lons

Ce sera pour nous l'occasion de dresser le bilan de nos réunions publiques et de préparer ensemble notre programme pour la saison 2009-2010.
Ce sera aussi le moment de renouveler votre adhésion (voir en pièce jointe) pour nous permettre l'organisation de nos manifestations ou de l'envoyer à notre trésorier : Yves Ayats Place Bichat 39000 Lons-le-Saunier.

Notre ordre du jour sera donc le suivant :
• Rapport moral
• Rapport financier
• Préparation du programme pour la rentrée 2009
• Questions diverses

Mes amitiés jaurésiennes,

Jean-Philippe Huelin
Président du Cercle Jean-Jaurès

jeudi 4 juin 2009

Compte-rendu de la conférence d'Arnaud Deborne

Quelle vision du Jura de demain ?

L’écriture avec Bernard Roux du livre Quand le Jura s’éveillera a été pour moi le moment d’un retour, tout provisoire, dans le Jura. Après quelques années passées à Paris au cabinet de Georges Sarre, cet essai a marqué mon retour dans mes terres natales. Retour en fait de courte durée car, si le livre s’est bien vendu (les 500 exemplaires tirés sont épuisés), il n’a eu que peu de conséquences dans le Jura. Je m’en suis moi-même éloigné pour aller m’installer à Genève.

1. Contexte économique 

Le Jura n’est pas une île. Nous sommes dans une économie ouverte sur laquelle nous ne pouvons rien. Or notre département connaît le vieillissement et l’exode de sa population. La part des jeunes et des actifs dans la population baisse encore plus ici que la moyenne régionale déjà faible. Il y a de plus un exode de la population du cœur du Jura, dans les espaces qui ne sont pas aux marges des grandes villes proches.

L’activité industrielle, l’activité traditionnelle, est en repli constant (lunetterie, plasturgie…). La crise touche les fournisseurs de l’automobile, jusque là secteur de repli. La parenthèse industrielle semble se refermer dans le Jura comme ailleurs sans que les élus soient à la hauteur des événements : que faire ? que sauver ? quelles politiques de reconversion ?

2. Problèmes politique et géographiques 

On ne peut que s’attrister devant la vision cloisonnée des élus départementaux. Les conseillers généraux sont enfermés dans leur canton, sans vision générale de développement du Jura. Il y a une absence totale de projet à la dimension du département compris dans un espace plus large, l’arc jurassien.

Le Jura est en fait au centre de l’espace formé par 4 métropoles extérieures à lui : Dijon, Besançon, Genève et Lyon. Le développement particulier de chacune de ces aires métropolitaines aspirant plus ou moins des parties de notre département complique encore plus son fonctionnement propre.

 3. Les avantages du Jura 

Dans notre livre, nous avions mis en avant les avantages de notre territoire. A l’exception du haut-débit dont la mise en place par le Conseil Général avec des moyens techniques déjà dépassés n’est pas du tout à la hauteur de ce que nous préconisions, les autres atouts demeurent : l’environnement, le savoir faire agro-alimentaire, la montagne et les richesses culturelles.

4. Pistes de développement 

 Le dossier du TGV est très négatif pour le Jura au sens où il monopolise l’attention alors que nous ne maîtrisons rien, que rien n’est financé et que de toute façon, le TGV n’apportera à lui seul rien au développement du Jura.

Plusieurs pistes me viennent à l’esprit, bien sûr, il y en a beaucoup d’autres :
• Développer les coopérations dans l’agro-alimentaire entre Poligny et les pôles de recherches de Bourg-en-Bresse et de Dijon
• Revoir la filière bois et la développer vers l’habitat car le développement des normes Haute Qualité Environnementale (HQE) ouvrent des horizons. Pourquoi le bois jurassien est-il bas de gamme ?
• Nous avons un formidable atout environnemental mais nous nous endormons dessus. Pourquoi ne pas développer une filière de traitement du lisier pour en faire du méthane, les Chinois le font déjà ?
• Les Rousses se trouvent à proximité de Genève et de ses institutions internationales. On pourrait utilement développer en partenariat avec nos amis Suisses un campus international de formation aux carrières diplomatiques à destination des pays francophones ainsi que des formations pour intégrer les ONG, très présentes à Genève.

5. Méthode 

Je n’ai plus confiance en ce personnel politique local. Il faut le dépasser en créant des groupes de travail et des lieux d’éducation populaire afin de tisser des liens entre personnes d’un même secteur qui ne se connaissent pas. Eux seuls peuvent inventer et porter des pistes de développement.

 6. Les échos du livre

Je regrette vraiment de ne pas avoir été assez lu par les hommes politiques et les décideurs jurassiens. Nous avons perdus du temps, certains projets ne peuvent plus se faire (haut-débit par fibre optique) et cela au détriment des Jurassiens. Peut-être y a-t-il eu un brouillage du livre par ses auteurs (Bernard Roux, ex-directeur de cabinet au Conseil Général du Jura, Arnaud Deborne partisan de Jean-Pierre Chevènement en 2002) ? Le livre a en revanche eu des lecteurs attentifs ailleurs : Lausanne par exemple.

Bernard Roux a précisé que le livre avait été en effet plus lu à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il a été lu à Besançon et par des chefs d’entreprises qui soutiennent les propositions du livre. Il faut en effet du temps par faire passer des idées. Leur production n’est jamais du temps perdu.

Conclusion

Je ne peux que souhaiter que notre livre soit lu ou relu en attentant des suites…

vendredi 8 mai 2009

Invitation : Arnaud Deborne

Avant la trêve estivale et face aux interrogations politiques et stratégiques de la gauche jurassienne sur la meilleure attitude à avoir au Conseil Général, le Cercle Jean-Jaurès se propose de poser le problème par son versant le moins exploré et pourtant le seul utile à nos concitoyens : celui des projets d’avenir pour le développement de notre département. 

Pour cela, nous recevrons Arnaud Deborne, titulaire d’une maîtrise IUP Aménagement et Développement Territorial de l’Université de Pau et d’un DUT en gestion d’entreprises de l’Université Lyon II et aussi l’auteur, avec Bernard Roux, de l’essai paru il y a quatre ans « Quand le Jura s’éveillera » aux éditions Aréopage. 

Ce sera pour nous l’occasion de tracer des pistes et de lancer des ponts pour permettre au Jura de sortir d’une certaine incapacité à penser collectivement son avenir. Aussi nous tenterons de répondre à la question :

 « Quelle vision du Jura de demain ? » 

Cette conférence aura lieu le : Mercredi 27 mai 2009 à 20h au Centre social de Lons-le-Saunier

mardi 13 janvier 2009

Invitation : Michel Vernus

Deuxième rencontre avec l'historien Michel Vernus pour notre cercle. Après le combat pour la République, nous parlerons de Victor Considérant, un Jurassien né à Salins et dont nous venons de célébrer le bicentenaire de la naissance. Il fut le disciple et le continuateur de Charles Fourier, mais plus qu'un philosophe, il fut un militant et fit entrer en politique les thèses de ce dernier.

Michel Vernus élargira son propos en évoquant les travaux des premiers socialistes (Proudhon, Pierre Leroux, Louis Blanc, Robert Owen, Etienne Cabet...) qu'il est injuste d'appeler, un peu dédaigneusement comme le fit Marx, des "socialistes utopiques".

Cette conférence aura lieu au Centre social de Lons, rue de Pavigny, le mercredi 4 février 2009 à 20h.

A la fin de celle-ci, Michel Vernus dédicacera sa biographie de Victor Considérant paru chez Canevas éditeur en 1993 et qui reste la référence.