dimanche 30 novembre 2008

Dossier « Victor Considérant et les premiers socialistes »

Pour préparer la venue de Michel Vernus, voici un court dossier mettant en liens des textes permettant d'aller plus loin.
1. Victor Considérant
Pour notre camarade jurassien, la biographie de Michel Vernus est le livre à lire ; on peut compléter sa lecture avec celle d’un chercheur étasunien Jonathan Beecher pour les anglicistes.
Pour une première approche, deux courtes notices biographiques font l’affaire : celle du site des études fouriéristes ou celle du site de l’Université de Poitiers.
On peut aussi lire des textes de Considérant comme sa Description du phalanstère ou Le socialisme devant le vieux monde.

2. Saint-Simon
Sur Saint-Simon et les Saint-simoniens, on dispose d’une bonne introduction.

3. Robert Owen
L’article de Wikipédia est la meilleure introduction. On peut y joindre l'étude d'Ophélie Siméon.

4. Charles Fourier
L’Association des études fouriéristes fournit le portail le plus complet sur Charles Fourier et ses disciples. On pourra ainsi consulter en ligne les numéros des Cahiers Charles Fourier toujours passionnants.

5. Etienne Cabet
L’œuvre d’Etienne Cabet Voyage en Icarie reste incontournable.

6. Pierre Leroux
La figure de Pierre Leroux a été récemment réévaluée grâce au travail de Vincent Peillon qui lui a consacré un livre fort éloquent : Pierre Leroux et le socialisme républicain.
Par ailleurs les amis de Pierre Leroux accomplissent un travail notable de recension des travaux effectués sur l’inventeur du mot « socialisme ».
Il y a peu de temps, une anthologie des écrits de Pierre Leroux a été publiée.

7. Pierre-Joseph Proudhon
Il faut signaler l’existence d’une société Pierre-Joseph Proudhon qui procède à un grand travail de recherche sur un autre socialiste historique comtois.
On consultera avec profit le portail de l’Université du Québec qui offre une grande possibilité de téléchargement de textes de Proudhon.

8. Louis Blanc
Il existe une thèse de doctorat écrite par Benoit Charruaud en 2008 sur Louis Blanc, la république au service du socialisme : droit au travail et perception démocratique de l'État.
Un colloque s’est tenu en 2000 et rassemble un grand nombre de contributions sous le titre : Louis Blanc, un socialiste en république par Francis Démier.
Enfin le grand texte de Louis Blanc reste, en plus de son Histoire de la Révolution française, l’Organisation du travail.

9. Premiers socialistes et socialisme utopique
L’Université de Poitiers est un train de construire une bibliothèque virtuelle consacré aux premiers socialismes qui permet d’aller directement aux textes.
Pour une présentation générale de ce que Marx et Engels ont appelé le « socialisme utopique », il faut aller sur Wikipédia.

10. Utopie
Parmi des nombreux sites, retenons trois sites : celui de l’exposition Utopie réalisée par la Bibliothèque National de France et celui de Michel Antony intitulé Ressources sur l'utopie, sur les utopies libertaires et les utopies anarchistes et un blog sur les utopies et les avant-gardes.

Satire des idées nouvelles, Extrait du Journal pour rire, n° 37, octobre 1848.
Lithographie à la plume de Bertall

vendredi 10 octobre 2008

Compte-rendu de la conférence de Gaël Brustier

Les socialistes, les altermondialistes et les autres

L’écriture de mon livre (Les socialistes, les altermondialistes et les autres, éditions Bruno Leprince, septembre 2008) parachève deux moments de mon parcours politique : d’abord ma découverte de la Révolution bolivarienne au Venezuela, ensuite la campagne du référendum sur le Traité Constitutionnel européen (TCE).
Une seule question compte : Comment inscrire la gauche dans la durée au pouvoir ?

1. La Révolution bolivarienne

L’expérience vénézuélienne a été, est encore, particulièrement enrichissante. Depuis dix ans, on assiste à la libération d’un peuple par rapport à son élite qui l’a depuis toujours opprimée, délaissée et méprisée. C’est d’autant plus étonnant que c’est sur ce continent qu’ont été testées les idées néolibérales dès les années 1970. Il suffit de se souvenir du Chili d’Allende où régnaient les Chicago boys de Milton Friedman.
A partir du détonateur vénézuélien, un véritable séisme politique a fait basculer à gauche de plus en plus d’Etats d’Amérique latine : Chili, Argentine, Brésil… Il faut aussi comprendre la révolution bolivarienne dans ce contexte continental.

2. La marginalisation des forces progressistes en Europe

Saisissant contraste avec la situation sur le vieux continent. Ici, en effet, les forces de progrès sont en déclin constant et n’arrivent même pas à exister face à une droite caricaturale dans la bêtise comme le montre l’exemple italien. Encore très récemment en Autriche et en Bavière, la droite au pouvoir recul aux élections mais la gauche n’en tire aucun profit électoral.
Il s’agit bien d’un divorce entre la gauche et le peuple. Nous avons vécu, il y a trois ans, lors du référendum sur le TCE, l’énième épisode d’une rupture qui a commencé en France en 1983 au nom de l’Europe. De façon dramatique pour la gauche, comme pour l’idée européenne d’ailleurs, la conversion des élites françaises et européennes aux dogmes libéraux est concomitante de la construction d’une Europe institutionnelle sous la forme d’un méta-Etat qui tourne le dos à la démocratie.

3. Les combats à mener pour les gauches

Il faut d’abord partir des réalités. Le drame du PS aujourd’hui est de ne pas comprendre la nouvelle sociologie française qui voit les couches populaires cumuler les marginalisations sociales et territoriales et de ne pas penser la géopolitique impérialiste des Etats-Unis.
En ne développant vraiment que des thématiques sociétales, socialistes comme communistes laissent les couches populaires en déshérence et donc dans les bras d’une droite néolibérale et faussement volontariste.

4. Les impasses du référendum sur le TCE

Ce moment politique a montré à quel point les couches populaires savaient encore se politiser quand il le faut. On a vu naître une forme d’ « altermondialisme sociologique ». Les citoyens ont pu et su relier leur malaise quotidien à une logique globale (Europe-mondialisation).
Le problème a été que de cette victoire du NON, la gauche noniste n’a rien su en faire. Seule Ségolène Royal a pu, lors des dernières présidentielles, enrayer la chute du PS dans les couches populaires.

Conclusion

Il me semble que l’enjeu pour la gauche française est de savoir construire des analyses communes sur les problèmes majeurs de notre temps. A partir de cette analyse, il sera alors temps d’élaborer un nouveau « front de classe » pour avoir une assise sociale plus stable pour rester au pouvoir plus durablement.
Si j’ai, dans mon livre, fait un détour par le CERES (courant marxiste du PS de 1965 à 1986 animé par Chevènement-Sarre-Motchane), c’est justement pour donner un modèle d’organisation à l’intérieur du PS qui a su en influer la ligne dans une logique de prise de pouvoir (union de la gauche).

Le débat avec la salle

Plusieurs intervenants sont intervenus pour enrichir la réflexion :

• Le premier a mis en avant l’incapacité de la sphère altermondialiste à penser et donc se saisir du pouvoir. D’autant plus, dans une situation de balkanisation de la gauche où les déceptions des années 1980 ont délégitimé les partis au profit des associations et de l’humanitaire.

• Un autre a témoigné que les prémisses de social-libéralisme existaient dès 1981 dans certains organes de la deuxième gauche ou de la CFDT. Il s’est aussi demandé comment propager des idées alternatives au système dans un paysage médiatique autant aux ordres du pouvoir.

• Le rôle du PS ne doit pas être surestimé dans deux domaines. La représentation des couches populaires a longtemps été le cœur électoral du PC et non du PS ; de plus par rapport aux Etats-Unis, le PS a toujours été hésitant dans son histoire entre atlantisme et indépendance nationale.
Le Venezuela est un modèle au sens où le pouvoir s‘appuie sur deux piliers : les partis de gauche et le mouvement social. Il n’y a pas de séparation entre les sphères politique et syndicale. Cela pose en France le problème de la Charte d’Amiens.

• Le président d’ATTAC Jura a expliqué la forte présence dans son association des thématiques écologiques et sur la décroissance. Les partis de gauche devraient plus travailler trois thématiques essentielles : la relocalisation économique (et surtout agricole), la question du protectionnisme et une politique des transports durable.

• A la question qui lui était posée de la place des questions institutionnelles et en premier lieu celle de la 6ème République, Gaël Brustier a répondu que le projet n’était réellement intéressant que si le mandat révocatoire en faisait partie.

mercredi 10 septembre 2008

Invitation : Gaël Brustier

Gaël Brustier, le 1er octobre 2008, présentera son livre : "Les socialistes, les altermondialistes et les autres" (éditions Bruno Leprince)

Nouvelle saison et première conférence de notre cercle avec comme invité Gaël Brustier, 30 ans, doctorant en Sciences politiques. Il est fondateur d’EUROSUR, une entreprise coopérative spécialisée dans le développement des partenariats entre Europe et Amérique latine, il est également membre d’ATTAC et du Parti socialiste.

Il viendra nous présenter son livre (sorti à la rentrée et disponible à la vente lors de la conférence) qui sera notre thématique de la soirée : « Les socialistes, les altermondialistes et les autres »

Cette conférence aura lieu le : Mercredi 1er octobre 2008 à 20h au Centre social de Lons-le-Saunier

Comptant sur votre présence, nous vous adressons nos amitiés républicaines.

mardi 1 avril 2008

Compte-rendu de la conférence de Christophe Ventura

Et si le renouveau démocratique venait d’Amérique latine ?

Introduction de Jean-Philippe Huelin, président du Cercle Jean-Jaurès

Avec cette troisième conférence du cycle, notre cercle aborde ce soir la situation en Amérique latine. Depuis dix ans, le sous-continent américain a en effet changé de visage. De la caricature des régimes dictatoriaux recevant leurs ordres de Washington comme c’était le cas pendant la guerre froide, nous sommes presque miraculeusement entrés dans une phase de réappropriation du pouvoir par les peuples sud-américains avec l’élection d’une grande majorité de présidents de gauche. Sans nier les particularités nationales, qui sont plus fortes qu’on ne le dit souvent en Europe, il s’agit pour nous de comprendre ce qui se passe chez nos frères latins d’outre-Atlantique afin d’en saisir les enjeux géopolitiques, les répercussions sociales et les exemples qu’ils peuvent nous apporter. Pour cela, nous recevons ce soir Christophe Ventura qui a rejoint l’association altermondialiste ATTAC dès sa fondation en 1998. Il en est devenu le responsable du secteur international pour le siège de l’association entre 1999 et 2007. A ce titre, il a participé à la conception, à la promotion et à l’organisation des différents Forums sociaux depuis Porto Alegre en 2001. Ses connaissances et sa proximité quotidienne avec l’évolution politique dans la région font de lui un des meilleurs spécialistes de l’Amérique latine.


Dès la fondation d’ATTAC en 1998, notre tropisme vers l’Amérique latine nous a semblé évident. De part son histoire (sa décolonisation suit notre Révolution) et sa tradition politique de luttes, l’Amérique latine et la France participent de l’émancipation de l’humanité. Il fut donc logique d’organiser, au Brésil, à Porto Alegre en 2001 le premier forum social mondial.

1. Basculement à gauche de l’Amérique latine

Le mouvement commence en 1998, au Venezuela avec Hugo Chavez. Il se poursuit, entre autres, avec Lula au Brésil en 2002, Evo Morales en Bolivie en 2005 et Raphael Corréa en Equateur en 2006.
La « pensée conforme » de la presse française et européenne tente de faire croire à l’existence de deux gauches qui s’opposeraient : d’un coté, une gauche moderne, plus modérée et donc « acceptable » menée par Lula ou Michele Bachelet au Chili, et de l’autre une gauche radicale et « cubaine » menée par Chavez, Morales et Corréa. La réalité est toute autre. Il y a une grande solidarité entre tous les dirigeants de gauche en particulier pour résister à l’hégémonie étatsunienne et aux politiques néolibérales que le « grand-frère du Nord » a tenté d’imposer dans les années 1990.
Certes, des différences nationales existent. Le Brésil semble faire souvent cavalier seul en intégrant avec ardeur le commerce international dans lequel il entend vendre ses produits agricoles. En tant que géant géographique et démographique du sous-continent, il voudrait gagner un rôle de chef de fil régional. Cependant, Lula sait qu’il tient son pouvoir du mouvement social (Mouvement des Sans-Terre, syndicats, etc…).

2. Un laboratoire des idées altermondialistes

Globalement, les dirigeants de gauche ne se sont pas contentés de prendre le pouvoir, il l’exerce en mettant en pratique ce que nous appelons des politiques altermondialistes.
Au niveau national, on peut citer l’exemple du Venezuela où il y a une politique agricole sans OGM, un volontarisme en matière de pluralité médiatique, une politique d’alphabétisation considérable ou un politique de santé la plus égalitaire possible.
Au niveau régional, l’Alternative Bolivarienne pour l’Amérique (ALBA) est un projet de coopération interétatique regroupant le Bolivie, Cuba, l’Equateur, le Nicaragua et le Venezuela. Cette alliance fondée sur des accords politiques de coopération est une initiative lancée pour contrer l’intégration continentale à marche forcée sous la férule étatsunienne (projet ALCA). Les projets de l’ALBA sont concrets : fourniture d’énergie, échange de savoir-faire en matière d’exploitation et de transformation des sources d’énergie, échange de médecins, politiques d’alphabétisation…etc. L’ALBA est dotée d’un conseil qui reste en liaison avec les mouvements sociaux, il favorise aussi les coopérations Sud/Sud (avec l’Afrique) et les coopérations décentralisées avec des communes ou des régions faisant ou non partie de l’ALBA.

3. Front anti-impérialiste

Ces victoires électorales sont autant de brèches dans le modèle néolibérale. Rappelons-nous que le coup d’Etat sanguinaire de Pinochet un 11 septembre 1973 au Chili avait été l’acte inaugural de l’expérimentation in vivo des politiques monétaristes et néolibérales théorisées et mises en pratique par les Chicago boys de Milton Friedman.
En Amérique latine, le plus difficile est de construire un pouvoir politique véritablement adossé au peuple. Il s’agit donc pour cette gauche populaire, toujours écartée du pouvoir jusqu’alors, d’imposer sa légitimité à diriger les institutions nationales tout en continuant à s’appuyer sur le mouvement social qui l’a portée au pouvoir. Cette Révolution par le vote, pied de nez post mortem d’Allende au Che d’une certaine manière, a chamboulé l’organisation partisane dans tous ces pays. Il est tout de même désespérant de constater que tous les partis dit « sociaux-démocrates » d’Amérique latine et, à ce titre, membres de l’Internationale Socialiste se retrouvent largement déportés à droite de l’échiquier politique et partout dans l’opposition !
Cependant, à y regarder de plus près, les prises de pouvoir ont pris des formes différentes selon les pays. Par le bas en Bolivie où les syndicats se sont liés aux mouvements indigénistes pour porter Evo Morales, lui-même indigène et syndicaliste, à la tête de l’Etat. Par le haut au Venezuela suite aux événements du Caracazo en 1989 et l’échec du coup d’Etat d’Hugo Chavez en 1992.

4. Venezuela/Colombie : une crise régionale

La Colombie du président Alvaro Uribe reste le principal et le seul allié des Etats-Unis dans la région. A ce titre, il est largement instrumenté pour lutter contre son voisin le Venezuela, pays certes riche car pétrolier, mais dont le peuple a la curieuse idée, pour les esprits éclairés de Washington, de vouloir dépasser le capitalisme. Les tensions sont donc fortes et certainement durables entre les deux pays.
Suite à la récente crise qui a vu la Colombie attaquer et tuer un chef des FARC sur le territoire équatorien, la décision prise par les Etats d’Amérique latine de régler ce conflit entre eux et sans les Etats-Unis doit être comprise comme une victoire de la diplomatie vénézuélienne car elle montre l’isolement de la Colombie.

5. Le problème des réformes constitutionnelles

Pour pérenniser les acquis des Révolutions sociales, les dirigeants d’Amérique latine savent qu’ils doivent faire entrer dans le droit la démocratisation du pouvoir permise par les élections. Au Venezuela se fut en décembre dernier le premier accroc de la décennie Chavez : la réforme constitutionnelle qu’il portait a été rejetée par une majorité d’électeurs car la mobilisation anti-Chavez a été plus efficace que le parti présidentiel en pleine refondation. L’électorat de Chavez a boudée une réforme touffue et mal expliquée. Chavez a, au passage, montré à ses détracteurs qu’il pouvait perdre des élections. Etrange pour un « dictateur »… !
En Bolivie, la question est toute aussi brûlante et pourrait déséquilibrer le pouvoir du président Morales dans la mesure où il y a alliance objective entre les mouvements indigénistes les plus radicaux et l’opposition pour demander une plus grande décentralisation. Le risque serait de permettre une sécession de fait des régions les plus riches, contrôlées par l’opposition, qui refuseraient dès lors de payer pour les régions plus pauvres.

Débat avec la salle

• Banque du Sud : c’est une banque régionale qui travaille en parallèle avec l’ALBA. Ses fonds sont encore faibles mais elle monte en puissance sur des projets de coopération

• La question énergétique : le projet Petro Sur vise à mutualiser l’acheminement du pétrole et du gaz sur tout le continent

• Relations FARC/Chavez : Chavez n’est pas un soutien politique des FARC, il ne les considère cependant pas comme des terroristes (Colombie, USA) mais comme des belligérants (comme tous les autres Etats d’Amérique latine). Dans la crise interne à la Colombie, Chavez joue les intermédiaires pour placer le Venezuela en position d’acteur diplomatique majeur dans la région.

• Relations Chavez/Iran : En tant que militant, il est pénible de voir Chavez dans les bras d’Ahmadinejad. Cependant, en tant qu’observateur des relations internationales, il faut comprendre que Chavez cherche des coopérations techniques avec d’éventuels partenaires et qu’il n’a pas les réponses à la hauteur de ses attentes ni de l’Europe ni de la France en particulier. Il se tourne donc vers ceux qui n’obtempèrent pas aux recommandations d’ostracisme menées par les Etats-Unis contre le Venezuela. L’Iran fait partie de ceux qui résistent à l’empire.

• L’affaire RCTV au Venezuela : la presse européenne a monté en épingle une décision logique, légale et démocratique. RCTV a participée au coup d’Etat tenté contre Chavez en 2004. C’est une télé poubelle, d’opposition certes mais comme toutes les chaines de télé au Venezuela. De plus, il n’y a pas de chaine publique et RCTV occupait un canal hertzien, propriété de l’Etat, qui peut naturellement retirer son agrément, ce qu’il avait fait plusieurs mois avant la « crise ».

• Accords bilatéraux : Ne pouvant imposer son projet ALCA, les Etats-Unis tentent de passer en force en arrachant aux Etats d’Amérique latine des accords bilatéraux déjà signés avec le Mexique, la Colombie et le Pérou. Ces accords de libre-échange, très favorables aux « gringos », sont régulièrement dénoncés surtout par les peuples des pays signataires.

• Plan Colombie : c’est un plan de surarmement financé par les Etats-Unis. Il joue la guerre contre la drogue, niant la nature sociale et politique du conflit avec les FARC.

lundi 3 mars 2008

Invitation : Christophe Ventura

Christophe Ventura, le 25 mars 2008 sur le thème : "Et si le renouveau démocratique venait d’Amérique latine ?" en partenariat avec ATTAC Jura

Nous poursuivons notre cycle de conférence, en partenariat avec ATTAC Jura, en invitant Christophe Ventura qui a rejoint l’association altermondialiste ATTAC dès sa fondation en 1998. Il en est devenu le responsable du secteur international pour le siège de l’association entre 1999 et 2007 et il poursuit son travail au sein de la commission internationale de l’association. A ce titre, il a participé à la conception, à la promotion et à l’organisation des différents Forums sociaux depuis Porto Alegre en 2001. Depuis, il est également membre-fondateur de l'association Mémoire des luttes.

A travers ses activités et ses engagements, il a développé un intérêt marqué pour l’Amérique latine où il suit l’émergence des nouveaux mouvements sociaux et des processus de transformation sociale et démocratique en cours. Le thème de notre conférence sera donc : « Et si le renouveau démocratique venait d’Amérique latine ? »

Elle aura lieu le : Mardi 25 mars 2008 à 20h au Centre social de Lons-le-Saunier

Comptant sur votre présence, nous vous adressons nos amitiés républicaines,

samedi 1 mars 2008

Compte rendu de la conférence de Julien Landfried

La société française face au communautarisme

C’est en 2003 que j’ai fondé l’Observatoire du communautarisme dont vous pouvez suivre les travaux sur son site Internet. Il était important pour moi et pour ceux qui m’accompagnent de démasquer les risques du surgissement communautaire. Ce travail a donné naissance au livre dont je vous parlerai ce soir Contre le communautarisme paru l’année dernière aux éditions Armand Colin.

1. Définition du communautarisme

Pour reprendre la typologie de Pierre-André Taguieff (« Vous avez dit communautarisme ? », Le Figaro, 17 juillet 2003), le terme communautarisme peut avoir plusieurs acceptions :

 Mode d'auto-organisation d'un groupe social, fondé sur une parenté ethnique plus ou moins fictive (mais objet de croyance), dans une perspective ethnocentrique plus ou moins idéologisée, sur le modèle « nous versus les autres » (« nous » : les meilleurs des humains, les plus humains d'entre les humains). Communautarisme devient synonyme de tribalisme.

 Vision essentialiste des groupes humains, chacun étant doté d'une identité essentielle dont on suppose qu'elle est partagée par tous ses membres ou représentants. L'individu est réduit à n'être qu'un représentant plus ou moins typique de ce qu'on imagine être le groupe dans sa nature abstraite ou son essence. L'imaginaire communautariste partage cette vision essentialiste avec la pensée raciste ou l'idéologie nationaliste.

 Politique en faveur des identités de groupe, culturelles ou ethniques, fondée sur la reconnaissance de la valeur intrinsèque et du caractère irréductiblement multiple de ces identités au sein d'une même société, toutes étant supposées également dignes de respect, donc jugées libres de s'affirmer dans l'espace social. Telle est la vision angélique du multiculturalisme, celle qu'en donnent ses partisans déclarés.

 Mais le communautarisme peut aussi désigner l'usage politique d'un mythe identitaire fondé sur l'absolutisation d'une identité collective. Ou encore caractériser une politique fondée sur le droit à la différence suivi dans toutes ses implications et radicalisé en obligation, pour chaque individu, de maintenir avant tout sa différence, c'est-à-dire l'appartenance de groupe qu'il privilégie (disons, une culture d'origine, religieuse le plus souvent, naturalisée). En ce sens, le communautarisme apparaît comme une forme de néo-racisme culturel et différentialiste.

2. Les acteurs du communautarisme

Ils sont de trois sortes :
• Les entrepreneurs communautaires, ils sont nombreux et les plus visibles se nomment : CRIF, CRAN, CFCM
• Les hommes politiques qui enfourchent, avec plus ou moins de bonnes consciences et d’intérêts électoraux, l’un ou l’autre des combats communautaires
• Les médias qui relaient complaisamment ce type de discours

De toute évidence, ces acteurs, en promouvant le communautarisme, vont dans le sens d’une rupture du principe d’égalité républicaine. Il suffit pour s’en convaincre de regarder l’actualité très récente. Quand on parle de « corsisation des emplois », on sort de la République !

3. La gauche face au communautarisme

Il semble bien que la gauche ait, depuis trente ans, changé de paradigme : elle a substitué au prolétariat la défense de toutes les communautés et de toutes les victimes d’aujourd’hui ou de l’histoire.
Le socialisme est devenu une sorte d’anti-racisme victimaire, la République une mosaïque de communautés et la France une province de l’Europe « qui elle au moins sait défendre les communautés méprisées ». Les élites françaises, et surtout celles prétendument de gauche, se sont laissé séduire par le doux chant communautaire avec d’autant plus d’élan qu’elles disqualifiaient le désir de faire France.

4. Le communautarisme comme révélateur d’une France bloquée

Le communautarisme n’a pu percer en France que par un amoindrissement de l’idéal républicain. Quand l’ascenseur social ne marche plus, l’endogamie sociale devient la norme et la ségrégation spatiale la conséquence d’une France fracturée. Le communautarisme est un supplément d’âme pour une élite de gauche qui a ouvertement abandonné le peuple.

Débat avec la salle

Les échanges avec l’assistance permettent à notre invité de préciser certains points :

• La communauté profite d’une sorte de brevet d’ancienneté, c’est en effet le modèle traditionnel d’organisation sociale. Il ne faut pas dire que la République a échouée car elle est un modèle plus jeune et très ambitieux.

• L’incapacité de la gauche a résisté aux intimidations et aux rodomontades de beaucoup d’associations communautaires révèle sa propre indétermination idéologique, comme si l’exigence républicaine était trop lourde à porter.

• Nous devons garder confiance car l’idéal républicain est résilient dans le fond de la population française. La gauche doit reprendre courage et défendre ses valeurs. Elle n’a pas le droit de substituer une société victimaire à une société de confrontation sociale.

vendredi 1 février 2008

Invitation : Julien Landfried

Julien Landfried, le 28 février 2008 sur le thème : "La société française face au communautarisme"

Fidèle a sa mission qui est de donner aux citoyens de notre région des outils pour comprendre le monde et repenser la gauche, le Cercle Jean-Jaurès poursuit son cycle de conférence pour le premier semestre 2008.

Après la venue, le mois dernier, de Michel Vernus qui a su revenir en détail sur la premier siècle d’histoire républicaine en France et dans le Jura, nous avons la joie d’accueillir un jeune chercheur à l’esprit vif.

En effet, Julien Landfried a su, parmi les premiers en France, démasquer les risques du surgissement communautaire. Il est le fondateur de l’Observatoire du communautarisme. Il aura l’occasion de vendre et de dédicacer son livre Contre le communautarisme paru l’année dernière chez Armand Colin.

Nous nous permettons de vous inviter à la conférence qu’il tiendra le : Jeudi 28 février 2008 à 20h au Centre social de Lons-le-Saunier


Comptant sur votre présence, nous vous adressons nos amitiés républicaines.

mercredi 30 janvier 2008

Compte-rendu de la conférence de Michel Vernus

Le combat pour la République en France et dans le Jura au XIXe siècle

Le combat pour la République au XIXème siècle est dans la poursuite du cycle révolutionnaire pendant lequel le régime républicain a rejailli du fin fond des âges. Si elle est née pendant l’Antiquité, notre République s’inspire surtout du siècle des Lumières avec son opposition farouche à l’absolutisme royal.
Pour emporter l’adhésion du pays, l’idée républicaine a due gagner à sa cause les campagnes françaises. A cet égard, notre département rural du Jura va nous permettre de mieux comprendre le sens et les étapes de ce combat pour la République.

1.Jules Grévy, président de la République, républicain et jurassien

Pour Jules Grévy, le souvenir de la Révolution s’est transmis au sein de sa famille oralement et par écrit. Dans les campagnes comme le Jura, elle suscite enthousiasme et peur (la Terreur).
Jules Grévy fut le premier président républicain de la République troisième du nom. Il l’a été 9 ans de 1879 à 1886. Pendant cette période, les piliers du régime ont été mis en place. De même que Jule Ferry ou Léon Gambetta, Grévy est un républicain qui rassure la population et c’est là l’objectif des républicains : ne plus faire peur. « Je ne veux pas que la République fasse peur » dit Grévy dès les années 1830.

2.Cheminement de l’idée républicaine au XIXème siècle

Pour réussir à s’imposer, pour réussir à transformer l’essai de la période révolutionnaire, la République doit engager un long combat qui dure près d’un siècle.

a)La République clandestine (1805-1848)

Pendant ce premier 19ème siècle, la République est un régime honni et comparé à la période de la Terreur. Ses défenseurs sont rares car poursuivis par la police tant impériale que monarchique. Cette République clandestine se renouvelle dans des idéologies naissantes avec le siècle comme le socialisme inventé par Pierre Leroux en 1833.
Dans les campagnes, des sociétés républicaines au recrutement populaire survivent : celle d’Arbois compte même 600 adhérents en 1831.

b)La Deuxième République et le Second Empire 1848-1870)

La 2ème République est éphémère (3 ans) car la France n’est pas encore républicaine, le suffrage universel que les Républicains ont instauré par naïveté le montre. Dès les élections de juin 1848, les résultats entrainent la méfiance entre les ouvriers qui se détachent de « la Sociale » et les bourgeois qui craignent les « Rouges » ; les libertés publiques gagnées en février sont rognées dès juin. La France entre dans la République conservatrice qui voit la division des Républicaines entre les radicaux (les « rouges ») et les modérés (les « bleus »), dont fait partie Grévy. Très vite d’ailleurs, les « rouges » entrent en clandestinité (la Charbonnerie survit par ses écrits et sa presse pourchassées par le pouvoir).
L’idée républicaine se réfugie dans des sensibilités existantes (Proudhon, Fourrier, Icariens…). Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 exile près de 20 000 républicains qui se dispersent en Europe. Le courant communiste de Cabet (originaire de Bourgogne) essaime grâce à des brochures distribuées par des colporteurs dans les milieux artisanaux (charrons, maréchaux-ferrant) dont l’organisation facilite la propagande.
Jules Grévy est élu député au Corps législatif en 1868, il est le 5ème député républicain élu pendant l’empire de Napoléon III.

c)La Troisième République

L’expérience de 1848 a été longuement méditée par les Républicains qui donc se méfient et rejettent l’élection d’un président au suffrage universel. Les deux premiers présidents, élus par les Assemblées, de cette République (Adolphe Thiers et Mac-Mahon) sont d’ailleurs des monarchistes qui se donnent pour mission, comme la majorité monarchiste de la Chambre des députés, de convaincre le comte de Chambord de prendre le pouvoir et de restaurer la monarchie. Le septennat est d’ailleurs créé pour donner du temps à cette opération mais le problème du drapeau blanc sauve la République.
Léon Gambetta et les Républicains mènent un combat politique pendant toutes cette décennie 1870 pour ancrer la République dans les consciences ; le nombre de républicains augmente régulièrement à la Chambre comme au Sénat. A cet égard, l’élection de Grévy à la présidence est un aboutissement : les Républicains sont maîtres de la République.
La République s’installe donc avec à sa tête ceux que l’on appelle les Républicains opportunistes, alors que les Républicains radicaux occupent une opposition de gauche avant de prendre le pouvoir à la fin du siècle. Les vingt ans entre 1879 et 1899 voient les grandes lois républicaines aboutir : presse, syndicat et Ecole. Il ne manque que la loi sur les associations et celle de Séparation pour parachever l’œuvre des Républicains.

3.La République comme bataille culturelle

Pendant ce siècle, il y eu une myriade d’associations et de réseaux qui ont diffusé l’idée républicaine :
•La Franc-maçonnerie, présente à Lons, Dole et Saint-Claude au recrutement bourgeois
•La Libre pensée, la plus influente, la plus populaire dans son recrutement dans les milieux urbains et ruraux
•La Ligue des Doits de l’Homme
•Le réseau des bibliothèques populaires qui diffuse de la littérature républicaine

Les républicains disposent d’autres moyens : les commémorations, les fêtes, les banquets et autres symboles mais c’’est un combat très rude entre deux France comme le montre l’Affaire Dreyfus.

Aujourd’hui encore, la République est un combat qui doit continuer :
•La laïcité
•L’équilibre exécutif / législatif
•La contestation sociale ou lutte des classes comme dépassement de principes abstrait pour devenir des réalités concrètes.

Les thématiques abordées dans le débat avec la salle ont été :

•La notion de bataille culturelle
•L’éducation comme mode de défense de la République et du rôle de l’instruction civique
•Fin de l’idée républicaine dans le monde d’aujourd’hui ?
•La part des utopies dans ce combat
•La gauche d’aujourd’hui est-elle rassurante ?
•Développement sur la République arboisienne de 1834
•La notion d’internationalisme
•La culture populaire

Conclusion par Jean-Philippe Huelin, président du Cercle Jean-Jaurès

Ce qui me parait très intéressant dans le propos de Michel Vernus, et que l’on oublie trop souvent, c’est cette période où l’idée républicaine, pourtant érigée et à cause de cela même comme un modèle et un aboutissement révolutionnaire, devient une option politique interdite et combattue par les Empires personnalisés et la Monarchie restaurée. Cette « République des Catacombes » a demandé à ceux qui la défendaient un tel sacrifice qu’ils me font penser à nos Résistants de la dernière guerre mondiale. Ils sont, plus que d’autres encore, admirables.

On devrait ici faire une étude médiologique, discipline inventée par Régis Debray, pour aborder la force performative de l’idée républicaine. C’est-à-dire comprendre par quels moyens et selon quelles étapes l’idée de République se transforme en régime républicain ; c’est ce qu’il y a entre l’idée et la réalisation de cette idée.

D’autres thèmes ont retenu mon attention et pourraient faire l’objet d’autres réunions de notre cercle :
•La question de la bataille culturelle invite à relire Antonio Gramsci qui avait théorisé la notion de combat pour gagner l’hégémonie culturelle qui est la condition à la victoire politique. Nous avions vu lors de notre première réunion en juin dernier comment Nicolas Sarkozy y est parvenu à la dernière élection présidentielle.
•Les rapports entre lutte des classes et République, question ancienne un temps résolue par Jaurès, semble se reposer à notre société ainsi que le cadre internationaliste pour la lutte socialiste.
•Les rapports entre l’utopie et l’idée socialiste.
•La question scolaire et plus particulièrement celle de l’instruction civique mérite notre attention. Il en est de même pour la laïcité. Que de travail en perspective !

Pour finir, je vous engage à lire le livre de Michel Vernus qui développe son propos du jour : La République au village dans le Jura (1789-1914)

jeudi 10 janvier 2008

Invitation à Michel Vernus

Michel Vernus, le 22 janvier 2008 sur le thème : « le combat pour la République en France et dans le Jura au XIXe siècle »

Après la victoire de Nicolas Sarkozy et du néolibéralisme à la française, la gauche est un chantier en reconstruction. Pour que les femmes et les hommes de gauche et de progrès ainsi que tous les républicains reprennent en main leur avenir, il nous a semblé utile de fonder un espace politique ouvert, un forum où tous ceux qui veulent participer à cette reconstruction puissent s’exprimer et réfléchir ensemble.

Aujourd’hui, à Lons-le-Saunier, le Cercle Jean-Jaurès propose un calendrier de réunions pour le premier semestre 2008 (voir pièce jointe). La prochaine réunion publique à laquelle nous nous permettons de vous convier aura lieu le : Mardi 22 janvier 2008 à 20h au Centre social rue Pavigny de Lons

Fidèle à notre figure tutélaire, Jean Jaurès, nous avons voulu revenir à la racine de notre engagement républicain et progressiste. Pour cela, nous avons invité Michel Vernus, historien et professeur émérite de l’université de Franche-Comté, qui tiendra une conférence sur le thème : « le combat pour la République en France et dans le Jura au XIXe siècle ».

Comptant sur votre présence, nous vous adressons nos amitiés républicaines.